“La psichiatria è da interdire?” : magazine Rebelle(s), Francia – intervista di Daniele Ruta a Giorgio Antonucci
Rebelle(s), numero 17 del direttore Jean Luc Maxence, presidente d’onore dell’Associazione Psicoanalitica Europea, sul tema “La psichiatria è da interdire?”.
Perché essere ribelli vuole anche dire osare porre le vere domande! Con, tra l’altro, un articolo di Thomas Szasz e una intervista a Giorgio Antonucci, protagonista con Basaglia della chiusura dei manicomi in Italia.
http://rebelles-lemag.com/2019/01/14/rebelles-mag-n17-la-psychiatrie-il-faut-linterdire/?fbclid=IwAR3vItRmDth2_9n5A3g0m87iA5gjX08htlwwFFiFsWHSPH2z7LDOcLYe_m8
Parce que le psychiatre est souvent plus dangereux que le patient qu’il est censé soigner (ô nosologie quand tu nous tiens !), R.B.L ose demander en ce début 2019 l’interdiction de?la psychiatrie en général et des psychiatres par conséquent !
Les poètes – et pas seulement Antonin Artaud – comme les héros de la mythologie universelle et certains de nos jeunes présidents de la République (Jupiter souffre d’hypertrophie du moi me souffle mon collègue de palier, un généraliste plein d’humour) seraient sans doute mieux internés à l’H-P de Saint Anne qu’en pleine liberté dans les rues de nos villes, entourés de « gilets jaunes » pacifiques et fauchés !
Pour clarifier mon propos, je rappelle que l’hypertrophie du moi désigne, en psychiatrie, « un trouble majeur du trouble de la personnalité paranoïaque et de la paranoïa. Il se caractérise chez le sujet par une surestimation de ses propres capacités, un autoritarisme marqué, de la psychorigidité, de l’autophilie et une faible affectivité. Les personnes atteintes tendent à imaginer qu’elles sont capables de réaliser des prouesses et qu’elles possèdent des aptitudes rares. En cas d’inadéquation entre la grandeur de leurs aspirations et la modestie de leurs accomplissements, ces individus s’obstinent dans leur croyance en pensant être bridés par autrui » (in Wikipédia).
Les articles que propose ce dix-septième R.B.L opiniâtre le démontrent : nous sommes chacun et chacune le fou de l’autre, de toute façon. Et la psychiatrie pratiquée aujourd’hui en France appartient plus à l’art de la Sécurité policière plutôt qu’à l’art du soin véritable (cf. l’œuvre de Thomas Szasz).
Je frôle le borderline moi aussi et je l’avoue sans hésiter. J’attends en effet avec confiance et naïveté (quelle perte de contact avec la réalité !) une subvention des services concernés en faveur de R.B.L, au nom de la Liberté de la Presse.
Et je rêve de vendre en kiosque des milliers d’exemplaires de R.B.L ! Au fond, je suis un « doux rêveur » chronique, un poète. J’estime, comme beaucoup d’autres, que la maladie mentale est un mythe. Comme Szasz, auprès duquel j’ai eu l’honneur de donner quelques conférences en Italie, au nom du mythique Centre Didro, je ne suis pas loin de penser que « c’est avec les pierres de la Religion et les briques de la Morale que se bâtissent les hôpitaux psychiatriques » !
J’ai passé plus de vingt ans de mon existence à démontrer in praxis que l’assuétude toxicomaniaque n’était pas du ressort de la psychiatrie et encore moins des psychiatres. À mes yeux, on porte toujours le masque du fou livré à la vindicte des autres. J’ai commis d’ailleurs des milliers de pages sur ce sujet précis et je n’en regrette pas une seule, quant au fond de ce qu’elles voulaient défendre.
Aujourd’hui, avec Rebelle(s), j’ai passé l’âge des illusions à me faire et des « bons » sentiments. Vouloir interdire la psychiatrie qui devrait s’appeler coercition sociale (et politique plus que jamais), est aussi utopique que de demander la fermeture des prisons, par exemple (R.B.L n° 14). Mais je sais aussi que, sans utopie (relisez Thomas More !) la véritable fraternité universelle ne saurait se renforcer et se répandre. Qui fait taire l’idéal des poètes, nous prépare ces apocalypses plurielles de civilisation dont nous parle si bien notre collègue Alexandre Adler dans son dernier essai.
Quand un même élan populaire voit naître et descendre vers Paris spontanément des milliers de « gilets jaunes », pour la plupart pacifiques, réclamant de quoi finir dans la dignité leurs fins de mois de surtaxés, tout est possible dans le futur immédiat, même une révolution utile et inspirée par des rebelles audacieux de l’âme, même l’avènement de toute insurrection d’inspiration rimbaldienne.
Au bout de mon long chemin d’individuation, alors que l’heure est venue d’écrire « Déjà le soir » , je sais pertinemment que le stoïcien Épictète, cité par Michel Barat dans son dernier ouvrage, avait bien raison d’affirmer dans ses Pensées : « La durée de la vie humaine ?
Pour résumer, au total, les choses du corps s’écoulent comme un fleuve, les choses de l’âme ne sont que songe et fumée, la vie n’est qu’une guerre et un séjour étranger, la renommée qu’on laisse, un oubli. Qu’est-ce qui peut la faire supporter ? Une seule chose : la philosophie ».
C’est vrai : certains d’entre nous avions voté, lors des dernières élections présidentielles, pour Emmanuel Macron, sur sa jeune et belle gueule et sur son exceptionnel jeune âge pour la fonction.
Nous le regrettons aujourd’hui, en toutes lettres. Mais un autre aurait-il vraiment mieux fait ?
Au-delà de l’Assemblée Nationale de l’impuissance à haut salaire, demeurons tous, chacun et chacune, des philosophes. Dès lors, nous ne serons jamais plus des optimistes naïfs, et nous pourrons espérer, derrière celui que nous appelions « le fou d’Elsa », avoir été parfois utile.
Jean-Luc Maxence
Éditorial de Rebelles le Mag n°17 de janvier-février 2019
Pubblicato il 14 January, 2019
Categoria: Libri, Presentazione